Edouard Lisa Santoni [End]

« On ne t’as jamais appris à te taire ? » Ma mère ne savait pas ce qu’elle disait. Elle avait complètement perdu la tête, et ce pour de multiples raisons toutes plus dingues les unes que les autres. Je n’ai jamais vraiment su pourquoi elle ne m’aimait pas, ou plus, je n’ai pas cherché à l’apprendre. Elle me regardait avec ses grands yeux verts, elle posait son regard sur la pièce pleine de bibelots et de choses inutiles, incapable de parler, incapable de sourire. Incapable de m’aimer. Mon père, fier marin, avait péri quelques années plus tôt, lors d’une expédition. Bien que juste et droit, il n’avait pas réussi à survivre à cette masse mystérieuse qu'on appelle mer. Les plus sombres légendes planaient sur elle, et personne n’était encore jamais revenu d’assez loin pour conter la vérité. « Que sais-tu au juste de la magie ? » Je tournais la tête, mon cousin Edouard, qui portait le même nom que moi, qui me posait sans cesse des questions. Il avait l’air tellement intrigué par la magie, que j’avais cru pendant toute mon enfance qu’il finirait un grand sorcier utilisant ses pouvoirs pour faire le mal. J’avais huit ans et lui quatre lorsque mon père nous a quittés, aussi il ne s’en souvient que peu, n'ayant pas de parents il avait été élevé dans ma famille. Je lui ai raconté son histoire, et malgré l’aversion totale de Steeve – mon père – pour tout ce qui touchait à la magie, Edouard n’en démordait pas. Quelle fut ma surprise lorsque quelques années plus tard, ce fut moi qui sombrait dans les eaux profondes et insondables de la magie, entraînant mon cousin dans ma suite quelques années plus tard.
« Je voulais juste une voie différente de celle de Papa ». Edouard me regarda, ses yeux marron posés sur moi. J'étais devenu professeur de Rune à l'école Poudlard, une grande école de magie. Je ne fus même pas surpris de voir Edouard devenir professeur d'arithmancie quelques années plus tard dans la même école. Bien qu'assez différents, mon cousin et moi avons toujours été proche.
Ma mère décéda quelques années après notre départ pour le monde magique, aussi je n’assistais pas à ses obsèques ou toutes les choses qu’on a pu lui faire en son honneur. Femme respectée et aimée, elle avait du recevoir quelque cérémonie. Elle ne m’avait jamais aimé, jamais protégé, jamais élevé. Nous étions simplement liés par le sang. Elle n’avait jamais voulu de moi, je n’avais jamais su pourquoi. Mon père lui, en revanche, était très fier de moi. Il me l’avait prouvé maintes fois, et en tant qu’aîné, j’avais essayé de faire honneur à son nom, jusqu’à un certain temps.
Après avoir passé des études pas forcément remarquables par leur brillance, je devins professeur, enseignant ainsi à l'école Poudlard, ce qui en fit ma deuxième maison, et même ma maison tout court, ne possédant pas de réelle résidence à l'extérieur. Mon cousin et moi, nous vivons au sein du chateau, nous nous cotôyons de temps en temps, et je ne peux pas m'empêcher de veiller sur lui. Lorsqu'il y a environ huit ans il a perdu sa femme j'ai fait une promesse à celle-ci : Celle de veiller sur son mari, comme elle avait si bien l'habitude de le faire. J'ai repris le flambeau en quelque sorte. Pour qu'Edouard ne soit jamais seule dans la pénombre de la tristesse.

« Ne me quitte pas »

Elle posa ses yeux d’ange sur moi et passa la porte. Je ne l’avais jamais revu. Aurore a été la seule femme dans mon existence qui a bien voulu me donner l’amour dont j’ai toujours manqué. Malheureusement notre histoire s'est mal terminée et je ne la revois que rarement désormais, refusant tout contact avec une femme et m'isolant parfois pendant plusieurs semaines, histoire d’oublier mon passé à coup de bouteilles de Rhum.
Aujourd’hui je suis bien un sorcier, et j'ai entendu dire qu'on me prenait pour un fou. Je ne sais pas si la folie est une chose réellement concrète. Qui ne devient pas fou dand le monde magique ? Même un moldu peut devenir fou à force de souffrir le martyre. La vie n'est pas dégueulasse, parfois elle est injuste, et ce sont ces injustices répétées qui font de nous des hommes timbrés et tordus. J'ai jamais demandé à la vie d'être comme ça, j'ai juste pas eu le choix.