Rabastan alluma une cigarette et se leva.
Tire-toi.
La blonde dans son lit eut un ronronnement qui se voulait séducteur tout en s'étirant lentement.
On est si bien au lit...
Rabastan lui jeta un regard lourd de mépris et arracha les draps.
J'ai dit : tire-toi.
C'était quoi au juste, son prénom, déjà ? Lorelei... une connerie de ce genre. Aucune importance, d'ailleurs. Une petite grue qu'il avait ramassée en sortant d'une soirée quelconque. Elle avait rempli son office, point-barre. Elle trainait, peut-être espérait-elle grapiller quelques pièces, ou bien quelques minutes encore. Rabastan considéra brièvement la possibilité de la plaquer au sol et de la b***er une dernière fois, avant de la flanquer dehors, mais elle n'était pas si extraordinaire. Il l'attrapa par le poignet et siffla, lui soufflant la fumée de sa cigarette en plein visage :
Qu'est ce que tu n'as pas compris ?
Et, sans plus se préoccuper d'elle, il passa dans la salle de bains, sa clope au coin des lèvres. La baignoire avait été remplie par les soins de l'elfe de maison, et l'eau chaude saturait l'air d'une vapeur brûlante qui embuait les miroirs. Le cadet des Lestrange eut un rictus en constatant la présence d'un verre plein de whisky Pur-Feu sur le rebord. Il se glissa dans l'eau, se calant confortablement et saisit le verre, en descendant le niveau de moitié dès la première gorgée.
Rabastan s'ennuyait. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de s'amuser décemment et tuer le temps ainsi qu'il le faisait, à grand renfort de soirées, de filles faciles et de beuveries commençait à perdre intensément de son charme. Rodolphus ne jurait plus depuis son mariage que par sa précieuse Bellatrix, au point d'en oublier son petit frère et leurs exploits communs. Rabastan se sentait laissé pour compte et la sensation lui déplaisait au plus haut point. Dans les premiers temps, il s'était essayé à reprendre leurs jeux seul, mais sans Rodolphus, il était brouillon, désorganisé. Et puis cela manquait de cachet et d'intérêt. Il avait failli avoir des ennuis, et n'avait rattrapé le coup qu'in extremis. Non, il valait mieux qu'il évitât ce genre de plaisanterie. Mais enfin résultat des courses, il se retrouvait tout seul dans son coin et il se faisait ch*er comme un rat mort.
Rabastan en voulait à son frère de l'avoir laissé tomber du jour au lendemain. Il en voulait à sa belle-soeur de s'être immiscée entre eux. Il en voulait au monde entier de ne pas lui apporter d'autre dérivatif à son ennui de golden boy trop fortuné, qui pensait pouvoir tout acheter et que l'on se gardait bien de détromper. Il était ivre presque du matin au soir, passait sa vie à jouer, perdait des sommes astronomiques et gagnait des misères avec une égale indifférence, claquait un argent fou pour se payer les dessous d'une fille qui lui a tapé dans l'oeil, l'amener dans son lit et le matin venu, la virer sans ménagement et qu'elle sorte de sa vie.
Se poser ? Pourquoi faire ? C'était déjà bien assez de Rodolphus qui s'était laissé passer la corde au cou, qu'on lui fiche la paix avec ces conneries, il n'avait aucun goût pour la monogamie. Se réveiller tous les matins à côté de la même fille ? Devoir la supporter tout le temps ? Et puis quoi encore ? C'était comme bouffer tous les jours la même chose ! Même le caviar, à force, ça lasse. Même la gonzesse la plus canon, à force, on a envie de l'étrangler pour qu'elle se taise.
Non. Le seul truc qui pourrait sortir Rabastan de la torpeur dans laquelle son mode de vie le plongeait peu à peu, serait un bon prétexte pour un massacre propre en ordre, de préférence sous la houlette de Rodolphus. Mais ça... c'était pas demain la veille.
Il finit son verre et le posa sur le rebord de la baignoire, y écrasant son mégot, avant de s'étirer et de sortir de l'eau. Tout en s'emballant dans un peignoir, il ralluma une nouvelle cigarette et repassa dans la chambre. La blonde était partie en oubliant ses sous-vêtements. Ou peut-être qu'il les avait achetés. Il ne se souvenait plus. C'était sans importance. Rabastan haussa les épaules et alla se rallonger sur son lit. Il était à peine satisfait de sa séance avec cette fille. Peut-être devrait-il envoyer un hibou à cette rouquine de l'autre soir... Comment elle s'appelait, déjà ? Hécate, un truc du genre. Elle, c'était un bon coup. Il bailla. Il verrait plus tard. Peut-être dans la journée. Ecrasant sa cigarette dans un cendrier sur la table de chevet, il roula sur le côté et s'endormit comme une masse. Il était 8h du matin.
Août 1st 2010, 16:36