Némésis, Partie I, L'envol de l'Erinye

Coucou

Voilà, je me décide enfin à poster la fic d'où vient mon personnage de Tisiphone.
C'est une trèssssssssss longue fic en 2 partie. La partie 1 est terminée et comprend 27 chapitres. La partie 2 est en cours d'écriture - en attente, j'avoue, d'inspiration- et comporte déjà 20 chapitres.

J'ai essayé au mieux de coller à l'univers de JKR et d'y faire évoluer mon personnage. J'ai commencé l'écriture de Némésis lors de la sortie du tome 5, d'où certaines incohérences qui peuvent exister. Quand le tome 6 et le 7 sont sortis, j'ai essayé d'intégrer les éléments de JKR au mieux dans ma fic.

Cette 1ère partie se situe pendant la Première Guerre. Nous y retrouvons Tisiphone, de retour en Angleterre pour ... raisons personnelles dirons-nous.
J'ai écrit cette fic dans ma période-j'adore-trop-Lucius-il-est-à-moi-pas-touche !!!! D'où la présence plus que ... présente de mon Lulu à moi !

Disclaimer : tout est à JKR (mais comme à mon habitude, je réitère mon offre : si JKR ne veut plus de - dans le désordre- Lucius, Severus, Théodore Nott, Rab, Roro , Bella, Nagini - je veux bien les prendre ) Seule Tisiphone est à moi !

Bonne lecture !

Prologue :

Le froid.

Les ténèbres.

La douleur.

Elle ouvrit soudain les yeux en grand. Mais il n'y eut aucun changement : toujours la même chose : le froid, les ténèbres et la douleur. Tout était pareil : dans son être et à l'extérieur.

Elle ne savait même plus si elle était couchée ou assise ou même debout.

Lentement, elle essaya de bouger ses membres endoloris. Sa main droite d'abord, doucement elle l'ouvrit et la ferma et remua ses doigts. Elle fit la même chose avec sa main gauche.

Lorsqu'elle voulut bouger ses jambes, des ondes de douleur la firent frémir. Elle poussa un faible gémissement et n'insista pas.

Contre son dos meurtri, elle sentait la pierre froide et humide. Sous ses jambes, c'était la même sensation, mais il y avait autre chose : de la paille sans doute. Elle en conclut qu'elle devait être assise contre un mur.

Sur sa droite, elle entendait le sempiternel ploc d'une goutte d'eau qui venait s'écraser au sol. C'était le seul bruit qui parvenait jusqu'à elle. Il lui rappela cruellement la soif qui la tenaillait.

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle se trouvait dans ce lieu, ni pourquoi on l'y avait enfermée.

Tout était si confus.

La seule chose qu'elle gardait en mémoire était la douleur, douleur qui revenait à intervalle régulier et qui envahissait sa chair et son âme.

Si quelqu'un lui avait demandé son nom, elle aurait été incapable de répondre. De son existence passée, elle ne se souvenait de rien : avait-elle été autre chose que ce corps rempli de souffrance avant cela ? sans doute … mais pour le moment, plus rien ne lui revenait en mémoire.

Le temps lui paraissait suspendu, pourtant les gouttes qui s'écrasaient au sol cadençaient son inexorable avancée.

Soudain un fracas qui lui parut retentissant la sortit de sa torpeur. Des cliquetis et des bruits métalliques se firent entendre. Une lumière aveuglante s'empara des ténèbres. Eblouie, elle dut fermer les yeux. Des murmures se firent entendre, puis une voix plus forte, plus dure.

- Leve-toi !

Elle ne réagit pas. De toute façon, jamais ses jambes n'auraient pu la porter.

Une eau glacée s'abattit sur elle, elle gémit doucement.

- Debout, gronda l'homme.

Voyant qu'elle ne bougeait pas, il fit signe à deux silhouettes de s'avancer vers elle. Elle sentit des bras musclés la saisir sous les épaules et la traîner hors de la pièce.

Ce qui se passa ensuite resta flou dans son esprit.

Elle retrouva rapidement les ténèbres glacées de sa cellule, le corps encore plus meurtri qu'auparavant, un goût de sang dans la bouche.

L'obscurité était moins profonde.

Elle leva les yeux : loin au-dessus d'elle, un minuscule carré lumineux éclairé par la pâle lueur de la lune.

Dans la pénombre, elle aperçut au sol un quignon de pain et une cruche. Elle s'en approcha en rampant malgré la douleur et se jeta sur la nourriture. Le pain était rassis mais elle l'avala en une seule bouche. L'eau avait une odeur de boue. Elle n'en avait que faire.

Ce frugal repas n'atténua nullement sa faim, elle devrait cependant s'en contenter.

Les jours et les nuits s'écoulaient toujours semblables. Lorsque le carré de ciel devenait plus lumineux, on venait la chercher. Elle ne retrouvait sa cellule que le soir. Au bout d'un moment, elle finit par ne plus sentir la douleur qui déferlait dans son être.

Elle restait prostrée dans un coin, n'attendant plus qu'une seule chose : que la Mort vienne la chercher. Mais la Mort ne venait pas, son heure n'avait pas encore sonné. Alors elle attendait encore et encore.

Les questions qu'on lui posait là-bas, elle n'en connaissait pas les réponses, mais chaque jour, c'était les mêmes …

Pourtant, un changement arriva brusquement.

Toujours les mêmes questions, soudainement interrompues.

Une bousculade ou quelque chose dans le genre.

Une voix énervée s'éleva soudain.

- Qu'avez-vous fait ? Vous saviez pourtant que nous n'acceptons pas ce genre de méthode !

Elle retrouva presque aussitôt le froid de sa cellule.

La voix résonnait dans sa tête … voix qu'elle avait déjà entendue, il y a si longtemps …

Comme un flot dévastateur, tous ses souvenirs lui revinrent en mémoire. Elle se coucha en boule et pleura.

La souffrance dans son corps n'était rien comparée à celle qui déchirait maintenant le voile de ses souvenirs.

Jusqu'au dernier moment, elle s'était dite que c'était une mauvaise idée … mais il était trop tard désormais pour faire machine arrière.

Tisiphone s'avança donc la tête haute, et même si c'était une erreur qu'elle s'apprêtait à commettre, elle savait qu'elle réussirait sans trop de problème cette première épreuve. Elle aurait tout le temps de réfléchir ensuite, quand le premier pas aurait été franchi …

Il y avait peu de monde autour d'elle : juste quelques bureaucrates du Ministère qui surveilleraient tout ça avec attention et ennui aussi. Tisiphone jaugea rapidement la poignée de sorciers et sorcières qui l'entourait. Certains avaient déjà sorti leur baguette et semblaient prêt à s'écrouler au moindre souffle. Ils ne lui poseraient aucun problème …

Un petit sorcier ventripotent s'éclaircit la voix et commença à réciter d'une voix mécanique les ultimes recommandations. Tisiphone les écouta d'une oreille discrète, occupée à remonter ses longs cheveux noirs comme le jais en un chignon plus pratique. Ses grands yeux changeant comme la mer s'attardèrent un moment sur la porte monumentale qui se dressait devant elle. Les deux battants étaient décorés d'étranges figures de bronze : des créatures magiques toutes plus dangereuses les unes des autres. Leurs yeux avaient été sertis de pierres précieuses qui étincelaient. Chaque monstre regardait vers le haut des portes où étaient gravés quelques mots :

« Toy quy t'entroduys enqui, faiz-le senz crainte.

Tryomphe des espreuves

L'auror tu connoistras et iers. »

Le sorcier du Ministère en avait terminé avec ses recommandations. Il y eut un grand silence. Tisiphone en profita pour sortir sa baguette qui avait été fabriquée dans un bois très clair, presque blanc.

Les portes s'ouvrirent soudainement, sans aucun bruit. Quelques murmures parcoururent l'assemblée. La pièce désormais dévoilée était plongée dans le noir.

Un signal leur fut donné. Tisiphone et les autres sorciers s'avancèrent dans l'obscurité. Quand tous furent rentrés, les portes se refermèrent derrière eux. Une sorcière, à la droite de Tisiphone, poussa un petit cri de surprise. L'obscurité ne dura pas longtemps. La pièce s'éclaira soudain. Ce n'était pas un endroit comme les autres : devant eux, s'étendait un immense labyrinthe en cristal. Les parois transparentes produisaient cette lueur qui avait chassé les ténèbres. Tisiphone dut reconnaître qu'elle était impressionnée. Le plafond était invisible et la sorcière se demanda un court moment si il y en avait effectivement un. Chassant ces pensées futiles, elle fut la première à s'aventurer dans le dédale cristallin. Les autres la suivirent, mais leurs chemins se séparèrent rapidement.

Les pas ne faisaient aucun bruit sur le sol en cristal. Tisiphone avait l'impression de marcher sur un lac gelé. Les parois transparentes reflétaient légèrement la sorcière en créant des ombres mouvantes. Plusieurs fois, abusée par les reflets, Tisiphone se surprit à pointer sa baguette sur sa propre silhouette déformée par le cristal.

En entrant dans le labyrinthe, Tisiphone n'avait aucun plan en tête. Elle décida, simplement, à chaque croisement de prendre la voie la plus à gauche. Elle n'avait encore aperçu aucune créature ou aucun sorcier. De loin, elle entendait des bruits de lutte. Apparemment certains avaient déjà rencontré leurs adversaires.

Le chemin qu'elle avait choisi finit par la conduire dans une salle voûtée sombre. De là partaient trois routes possibles. Fidèle à son choix, elle allait s'engager sur celle de gauche quand elle entendit un craquement derrière elle. Elle se retourna lestement. Une créature sortie tout droit des contes qu'elle écoutait petite s'avançait lentement vers Tisiphone.

- Une Manticore, marmonna la sorcière. Ils commencent fort !

La sorcière réfléchissait à toute vitesse. La queue de scorpion de la manticore s'agitait fébrilement. Tisiphone la surveillait du regard, elle savait qu'une seule de ses piqûres lui serait fatale. Elle aurait très pu courir à toute vitesse vers un des couloirs, mais elle connaissait les règles et elle ne voulait pas perdre bêtement des points en essayant d'éviter un combat. Aussi elle fit face au monstre. Bien qu'elle sache les propriétés de la peau de manticore, Tisiphone essaya quand même de lui jeter un sort. Il fut aussitôt repoussé sans aucun problème. Puisque les sorts n'avaient aucun effet sur la manticore, il lui faudrait trouver un autre moyen pour l'arrêter. Dans la pénombre, les yeux de Tisiphone avaient pris des reflets verts, ils parcouraient à toute vitesse la pièce. Ils s'arrêtèrent brusquement sur une sorte de gourdin, posé à terre et à moitié caché par le corps massif de la manticore.

- Voilà qui fera l'affaire, pensa Tisiphone.

Elle n'eut pas le temps d'attirer l'arme à elle. La manticore passa à l'attaque : elle balançait sa queue vers l'avant, tentant d'atteindre la sorcière. Celle-ci reculait devant chaque assaut pour éviter le dard mortel. La créature poussait des cris de rage à chaque fois que Tisiphone échappait à sa queue. La sorcière profita d'un court instant de répit pour faire venir jusqu'à elle le gourdin.

- Accio, cria-t-elle.

La lourde arme arriva à tout vitesse sur Tisiphone. Elle le rattrapa pour le laisser tomber aussitôt : son poids était tel qu'il lui était impossible de s'en servir. La manticore continuait ses assauts. Tisiphone n'avait qu'une seule solution : faire léviter le gourdin et réussir à assommer la manticore tout en évitant sa queue de scorpion : le combat s'annonçait difficile.

La sorcière n'essayait même pas de lancer de nouveaux sorts contre la créature : elle savait qu'elle perdait son temps et de l'énergie. Tout en surveillant sa progression, Tisiphone fit léviter le gourdin, mais impossible de l'approcher de la manticore. Cette dernière l'évitait avec souplesse.

Un cercle de flamme entoura soudain la manticore. Bloquée, elle ne pouvait plus avancer, ni reculer. Elle poussa un cri de colère terrifiant. Pour le moment, cela laissait un peu de répit à Tisiphone, il lui restait à trouver une solution pour mettre hors d'état de nuire la créature. Tant que sa queue restait en mouvement, aucune chance pour assommer son adversaire.

Tisiphone fit disparaître soudainement une partie du mur de flamme, la manticore se rua vers l'ouverture, droit sur la sorcière. Cette dernière ne bougea pas. Au dernier moment, elle plongea sur sa droite et fit apparaître un nouveau mur enflammé pour se protéger. Le cri de dépit et de douleur lui apprit que son plan avait fonctionné. Elle se releva, épousseta sa robe bleue. La manticore avait foncé droit sur la sorcière, la queue en avant sans voir le mur. Sa queue venait de s'enfoncer de plusieurs centimètres dans la paroi, emprisonnant ainsi la créature. Tisiphone avait désormais le champ libre.

- Wingardium leviosa !

Le gourdin s'éleva et alla s'abattre sur la manticore, l'assommant sur le champ. Elle ne bougea plus.

Un sourire de victoire sur ses fines lèvres, Tisiphone quitta la pièce en empruntant la voie la plus à gauche. Elle retrouva la pâle clarté des parois de cristal. Rapidement, elle arriva dans une nouvelle salle. Un sorcier l'attendait à l'entrée. Il était vêtu d'une longue robe noire et la capuche cachait dans son ombre le visage de l'homme. Il fit signe à Tisiphone de s'approcher. Il lui glissa quelques mots à l'oreille.

- Tu dois traverser cette pièce et les suivantes en évitant tous les sorts qui te seront lancés. Pour réussir cette épreuve, tu devras en plus neutraliser cinq ennemis.

Tisiphone fit signe de la tête qu'elle avait compris. L'homme disparut.

Sa baguette tendue devant elle, elle s'avança dans la pièce. Elle n'avait pas fait un pas qu'une salve d'éclairs rouges l'accueillit. Prestement elle se servit de sa baguette pour renvoyer les sorts. Du coin de l'œil, elle repéra l'endroit d'où ils provenaient. Dans le coin sur sa droite, derrière le canapé, elle aperçut une silhouette. Tout en évitant les sorts, elle s'en rapprocha. Un rapide sort d'entrave vint à bout de son premier adversaire. Un souffle chaud dans son dos la fit se retourner. Trop lente pour esquiver à temps le nouveau sortilège, Tisiphone dut plonger à terre et rouler sur le carrelage pour éviter les nouveaux éclairs qui fusaient vers elle. Elle se releva et regarda autour d'elle : la pièce était vide. Pourtant les sorts de désarmement continuaient toujours à être lancés contre elle et semblaient venir d'endroits tous plus éloignés les uns des autres. Se fiant à son instinct et à sa grande confiance en elle, la sorcière tendit son bras devant elle puis, le plus rapidement possible, elle tourna sur elle-même jetant ainsi des sorts d'immobilité tout autour d'elle. Les attaques contre elle cessèrent aussitôt.

- Revelato ! lança la sorcière.

Aussitôt, deux sorciers paralysés par le premier sort apparurent.

- Et de trois, murmura Tisiphone. Plus que deux.

Elle quitta cette première pièce et entra dans la seconde. Elle ressemblait à une cuisine. Dès qu'elle y mit un pied, de grosses flammes jaillirent de la cuisinière, menaçant d'embraser toute la pièce, mais Tisiphone n'y accorda aucun intérêt, elle tourna le dos à l'incendie et se trouva nez à nez avec deux sorcières. Tisiphone en vint à bout rapidement et un simple sort d'incarcerem lui permit de remplir la mission donnée par le sorcier tout en noir. Elle quitta la cuisine et retrouva les parois du labyrinthe.

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'elle cheminait dans les étroits couloirs, tombant très régulièrement sur des salles où elle devait combattre. Plus le temps passait, plus sa confiance grandissait. Il n'avait encore rien rencontré qui puisse la mettre en échec. Un crépitement se fit alors entendre. Elle leva les yeux et vit une gerbe d'étincelles rouge : apparemment, quelqu'un avait des ennuis et abandonnait. Elle ne put retenir un petit rire de satisfaction. Elle reprit sa route. Les épreuves s'enchaînaient et rien ne semblait pouvoir arrêter Tisiphone. Toutefois, elle faillit être prise au dépourvu lorsqu'elle se retrouva dans une salle remplie de Quintaped. Les créatures aux poils roux se ruèrent sur elle et elle manqua de peu de tomber sous leurs assauts. Si elle s'était retrouvée à terre, elle aurait servi de pâture à ces horribles bestioles. Elle garda son équilibre au prix d'efforts intenses sans pouvoir éviter la morsure à son bras d'un spécimen plutôt agressif. La seule idée qu'elle eut pour en venir à bout fut de geler tous les Quintapeds. Elle put tranquillement traverser la salle, en se demandant comment les créatures avaient pu arriver ici ; dans son souvenir, il lui semblait qu'ils ne vivaient que sur une île et que personne n'avait jamais pu en attraper. Elle chassa bien vite cela de sa tête et continua sa progression dans le labyrinthe.

Le couloir qu'elle empruntait serpentait et Tisiphone avait l'impression qu'elle ne faisait que de tourner encore et encore autour d'une pièce et de quelque chose qu'elle tardait de découvrir. Finalement, après un énième tournant, Tisiphone se retrouva au centre du labyrinthe. Elle le sut à l'instant même où elle découvrit l'immense escalier en colimaçon qui était face à elle. Elle comprit également qu'elle avait fini avec cette épreuve. Un peu précipitamment elle courut vers l'escalier puis s'arrêta brusquement.

Un froid intense la saisit et envahit tout son corps. Tisiphone se sentit lentement glisser à terre. Elle respira plus fortement essayant de se ressaisir, il n'était pas question pour elle d'échouer si près du but. Sa poigne contre sa baguette se raffermit et tentant d'ignorer la panique qui commençait à s'emparer d'elle, la sorcière se retourna au prix d'efforts intenses.

Un Détraqueur lui faisait face.

Tisiphone avait l'impression de le voir à travers le brouillard, mais elle savait qu'aucun brouillard ne l'entourait. Déjà, elle entendait de terribles hurlements qui ne naissaient que dans sa tête. Les larmes aux yeux, elle hurla avec force et désespoir:

- SPERO PATRONUM !

Une lumière aveuglante jaillit de sa baguette. Le nuage argenté prit soudain forme et Tisiphone aperçut entre ses larmes son patronus se ruer vers le Détraqueur. La progression de sa pieuvre faisait trembler le sol, du moins c'est l'impression qu'avait Tisiphone, mais en réalité, elle ne ressentait que les tremblements de ses propres jambes. Elle tomba à genoux au moment où le céphalopode géant faisait reculer le Détraqueur. Il disparut rapidement. Tisiphone à terre, ses jambes repliées sous elle, soupira. Dans sa tête, les cris résonnaient encore et les souvenirs semblaient plus présents, plus palpables. Le Patronus après avoir chassé le Détraqueur revient auprès de la sorcière. La pieuvre tendit un de ses tentacules vers la tête de Tisiphone puis se volatilisa. La sorcière se retrouva seule. Encore tremblante, elle se releva lentement.

Elle s'approcha lentement de l'escalier et commença à le gravir. A mi-hauteur, elle regarda vers le bas et le labyrinthe immense puis continua sa montée.

Elle parvint enfin au sommet de l'escalier. Parvenue sur le seuil, elle accorda un dernier regard au dédale de couloirs qu'elle venait de quitter. Elle poussa finalement la porte qui lui faisait face.

Tisiphone arriva dans une petite pièce aux murs recouverts de lourdes tentures rouges et or. Dans un coin se trouvait un petit canapé qui disparaissait sous une montagne de coussins. Dans l'immense cheminée surmontée de licornes un bon feu brûlait, dans un chaudron mijotait une mixture qui exaltait ses doux arômes dans toute la pièce.

Une petite sorcière ronde attendait la nouvelle venue avec un sourire aux lèvres. Elle lui fit signe de prendre place sur le canapé. Puis sans bruit, glissant presque comme un fantôme sur les tapis épais, elle s'approcha de Tisiphone. Dans sa main, une chope laissait échapper des effluves brûlants de chocolat.

- Félicitations, lui lança la sorcière. Vous êtes la première à avoir triomphé du labyrinthe. Tenez, cela vous fera du bien.

Tisiphone prit le chocolat chaud et remercia la sorcière.

Dès la première gorgée brûlante, Tisiphone sentit les effets du Détraqueur se faire moins sentir. Le froid qui avait envahi son être disparaissait, chassé par la douce chaleur du chocolat.

Tisiphone rendit rapidement la tasse vide et la sorcière la fit disparaître, puis elle lui demanda de se lever et d'avancer dans la salle suivante.

Les représentants du Ministère vous attendent, lui expliqua la sorcière. Vous aurez aussi quelques papiers à remplir, de simples formalités qui vous installeront définitivement dans votre nouvelle fonction.

Tisiphone prit quelques instants pour épousseter sa robe et relâcher ses longs cheveux noirs. Elle regarda aussi sa blessure au bras : la plaie ne saignait plus, mais la chair était toute boursouflée et avait prit une teinte violette un peu étrange. Elle rabattit sa manche au-dessus et se dirigea vers la salle où le Ministère l'attendait.

Tisiphone poussa la porte et se retrouva dans la même salle qu'au départ. Elle n'accorda aucun regard pour les lourdes portes du labyrinthe. De toute façon, elle n'en aurait pas eu le temps. Un sorcier – celui qui avait donné ses recommandations – l'agrippa par le bras et la submergea sous un flot de blablas et de félicitations.

- Extraordinaire … Vous avez parcouru le labyrinthe à une de ses vitesses ! Nous avons rarement vu quelqu'un aller aussi vite ! Et votre combat contre la manticore ! Extraordinaire !

Tisiphone ne l'écoutait plus. Elle dévisageait les quelques sorciers qui se trouvaient là. Son regard fut soudain attiré par une silhouette qu'elle reconnut immédiatement.

- Laissez-moi vous présenter mes collègues !

Tisiphone fut entraîné et dut serrer quelques mains.

- Voici Alastor Maugrey … et là c'est Hugh Forms.

Tisiphone fit ainsi la connaissance d'une poignée de sorciers et sorcières. Finalement, le sorcier qui s'appelait Darius, la conduisit vers le sorcier qu'elle avait reconnu. Il était nonchalamment appuyé contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine. Ses longs cheveux blonds étaient noués sur sa nuque en catogan. Il observait toute la scène d'un air désabusé. Tisiphone ne put s'empêcher de sourire.

A l'approche de Darius, il se redressa légèrement et décroisa ses bras.

- Voici …

Tisiphone ne le laissa pas finir, elle l'interrompit soudainement :

- Lucius Malefoy !

Les deux sorciers regardèrent Tisiphone étonnés.

Darius l'abandonna soudain, un autre sorcier venant de terminer l'épreuve du labyrinthe, il alla se jeter dessus.

Les yeux gris de Lucius s'attardèrent longuement sur la sorcière qui lui faisait face.

- Ainsi nous nous connaissons ? demanda-t-il un peu dubitatif.

- Oui, répondit Tisiphone dans un souffle. Nous étions à Poudlard ensemble.

- Vraiment ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

Voyant que Darius revenait à grand pas vers elle, Tisiphone se pencha vers Lucius. Le sorcier sentit contre son cou le souffle chaud de la sorcière. Elle lui murmura quelques mots à l'oreille.

- L'ombre d'Argos, Lucius … L'ombre d'Argos, répéta Tisiphone.

Elle se releva, un sourire aux lèvres, ses yeux devenus bleus sous la lumière de la pièce plongèrent un instant dans ceux de Lucius. Ce dernier regardait Tisiphone d'un air dubitatif et étonné. Tisiphone éclata de rire puis lui tourna le dos.

Chapitre II : A la recherche du passé

Tisiphone ouvrit la porte de son appartement silencieux. Les bougies dispersées dans toutes les pièces diffusaient une douce lueur rassurante. La sorcière gagna le grand salon, les baies vitrées avaient été occultées par les lourdes tentures de velours vert qui transformaient la pièce en un cocon confortable. Une bonne flambée crépitait dans la cheminée. La sorcière se laissa tomber dans le premier canapé qu'elle trouva. Elle se déchaussa et posa ses pieds sur la petite table basse qui lui faisait face. Un petit elfe de maison fit son entrée, il eut un regard réprobateur en voyant les chaussures abandonnées au sol et les pieds de sa maîtresse sur la table. L'elfe portait un plateau chargé de victuailles. Il le déposa sur la table puis ramassa les chaussures pour aller les ranger. Il revint presque aussitôt, portant une lettre dans sa main.

- Un hibou a apporté cette lettre ce matin.

Il la tendit à Tisiphone. Elle ouvrit un œil et regarda l'enveloppe. Elle en reconnut aussitôt l'écriture.

- Tu peux la jeter au feu … marmonna la sorcière.

- Au feu ? répéta l'elfe.

- Oui. Je ne veux plus lire une seule de leurs lettres !

- Très bien !

L'elfe inclina la tête et alla jeter la lettre au feu.

Tisiphone ferma les yeux et se laissa aller contre les coussins.

- Un bain ? Peut-être ? proposa l'elfe.

Tisiphone hocha de la tête. La petite créature disparut et quelques secondes plus tard, Tisiphone entendit le murmure de l'eau qui coulait. Mana avait raison, un bain lui ferait le plus grand bien. Elle ouvrit de nouveau les yeux et regarda ce qu'il y avait à manger. La journée avait été éprouvante et la sorcière sentait la faim la tirailler. Sur le plateau en argent, il y avait un assortiment de petits sandwichs. Tisiphone en attrapa un au hasard et n'en fit qu'une bouchée. Les autres disparurent tout aussi vite.

Peu de temps après, Mana fut de retour.

- Le bain est prêt, annonça l'elfe.

- Merci Mana, dit Tisiphone en se levant.

- Comment s'est passée la journée ?

Tisiphone rit doucement.

- Bien … Tout s'est bien passé … mais cela a été plus dur que prévu …ajouta-t-elle tristement.

Elle entra dans la salle de bain. La baignoire était remplie à ras bord, elle disparaissait sous une montagne de mousse.

- Reste-t-il de ce baume pour les blessures ? demanda Tisiphone.

- Je vais le chercher.

L'elfe quitta la salle de bain, la sorcière en profita pour se déshabiller et entrer dans l'eau brûlante. La chaleur fit du bien à tous ses muscles endoloris. Elle se laissa glisser tout au fond de l'eau. Lorsqu'elle émergea, elle découvrit un petit pot sur le bord de la baignoire. Elle s'occuperait de son bras plus tard.

Cette journée lui avait valu bien des surprises, et pour certaines, elle s'en serait bien passée.

D'avoir revu Lucius avait fait remonter de vieux souvenirs … d'avoir croisé le Détraqueur aussi. Elle ferma les yeux, songeuse. Elle savait déjà que ce soir, le sommeil aurait du mal à venir. Une nouvelle fois, le passé venait empiéter sur sa vie … Il lui faudrait encore beaucoup de temps avant de s'en libérer définitivement.

L'elfe fit de nouveau son apparition.

- Une nouvelle lettre, s'excusa-t-il.

- Encore ? s'exclama Tisiphone.

- Dois-je la brûler elle aussi ?

- Oui.

Mana s'en retourna.

Tisiphone soupira. Encore un problème qu'il lui faudrait régler rapidement. Elle qui pensait trouver un peu de tranquillité en revenant ici, elle s'était trompée.

La sorcière prit une grande bouffée d'air et se laissa une nouvelle fois couler au fond de la baignoire.

Lucius tournait en rond dans son appartement. Sur son bureau s'entassaient quelques lettres, il en avait ouverte deux mais ses pensées étaient trop embrouillées pour qu'il continue à lire son courrier. De plus, il était tombé sur une missive de sa mère qui continuait à le harceler à propos de son hypothétique futur mariage. Entre sa mère et ça, il ne savait plus où donner de la tête.

Malgré l'heure déjà bien avancée, il décida de sortir. Sa position au Ministère lui permettrait sans doute de passer outre les horaires. Il voulait absolument vérifier quelques petites choses.

Il secoua la tête, prit sa cape et se tranplana.

La bibliothèque allait fermer, mais il réussit sans problème à persuader la sorcière de l'accueil de le laisser entrer. Finalement le poste que lui avait obtenu son père avait quelques avantages.

Il se promena un moment dans les rayonnages déserts. Il se décida finalement à faire ce pour quoi il était venu. Il se dirigea vers la section « journaux et magazines ». Il ne savait pas trop où chercher.

- L'ombre d'Argos, murmura-t-il.

Cela faisait combien de temps qu'il n'en avait plus entendu parler ? Trois ans, quatre tout au plus … depuis qu'il avait quitté Poudlard. Cela restreindrait déjà les recherches. De toute façon, il était certain que cela ne s'était pas passé durant les derniers mois, il lui semblait plutôt que tout s'était déroulé l'an passé ou encore avant. Il soupira en voyant la taille de l'étagère et le nombre de numéros qu'il aurait à consulter. L'avantage, c'est que cela avait fait les gros titres … Sa recherche en serait d'autant plus simplifiée.

Il prit une année au hasard.

1973

Il posa une première pile de Gazette de sorciers devant lui. Il sortit sa baguette et jeta un sort aux journaux.

Rien.

Il mit la pile de côté et passa à la suivante, puis à la suivante.

Soudain, le sort opéra et un journal sortit de la pile.

Lucius eut un sourire de victoire. Il prit le journal. Rien d'intéressant à la une. Il tomba finalement sur un petit encart dans les dernières pages, un faire-part de mariage.

« La Famille Black-Erenyados et la famille Argos sont heureux de vous faire part du mariage de Tisiphone Erenyados et de Daëron Argos … »

S'en suivait un court texte que Lucius passa en revue rapidement.

Maintenant, il savait à peu près où chercher. Il finit les piles de l'année 1973, les rangea et passa à l'an passé.

Il passa tous les mois de l'année 1974. Ce fut dans un des journaux du mois d'août qu'il trouva ce qu'il cherchait.

La Gazette du Sorcier du 2 Août en faisait les gros titres. Il y avait aussi un grande photo qui montrait Tisiphone en train de se débattre encadrée par trois sorciers. Sa robe claire était maculée de taches qui ressemblaient à du sang.

« Terrible massacre en Grèce » titrait le journal

Sur la petite île tranquille de Théra un terrible drame s'est noué dans la nuit de samedi à dimanche. Un sorcier d'une vingtaine d'années a été retrouvé mort à son domicile. A côté de son corps, gisait celui de son fils âgé de quelques mois.

« C'est un crime particulièrement sanglant et horrible, nous explique le chef de la Brigade Sorcière qui est arrivé rapidement sur les lieux. »

Les corps ont été retrouvés criblés de dizaines de coups de couteau. D'après les premières constatations de l'enquête, les deux victimes auraient aussi été victimes d'un sortilège impardonnable – sans doute un Doloris - nous confia un des Aurors dépêchés sur place.

Un suspect a aussitôt été interpellé, il s'agit de la propre femme de la victime. Notre reporter a pu apprendre que cette dernière a été découverte auprès des deux corps, les mains et la robe pleine de sang, tenant encore l'arme du crime. L'interpellation a été des plus musclées et un Auror a été blessé pendant la lutte qui l'a opposé à la suspecte. Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter à l'article en page 3.

« Les preuves sont accablantes contre l'épouse de la victime » nous explique un des sorciers chargés de l'affaire. « De plus, le passé de ce suspect ne plaide pas en sa faveur ». Pour lire son interview en entier, rendez-vous page 4.

Notons que la victime de ce crime sordide n'est autre que le célèbre professeur Daëron Argos qui enseignait l'histoire antique magique au célèbre collège de magie de Délos. Son épouse, Tisiphone Argos, impliquée dans cette affaire, était connue et réputée pour ses fouilles et ses travaux sur les grands mythes grecs anciens. Une biographie plus complète du couple vous attend page 5.

Lucius replia le journal et le mit de côté. Il continua ses recherches. Les journaux des jours suivants se délectaient de détails tous plus croustillants et sanglants les uns des autres sur cette tragédie, agrémentés de photos des lieux du crime, de l'arme et de quelques autres preuves. La Gazette du Sorcier était aussi très fière de proposer à ses fidèles lecteurs une interview exclusive de la mère de la victime qui ne cessait de s'emporter contre Tisiphone.

Cependant au fil du temps, les journaux ne firent plus la une avec cette affaire. Un entrefilet discret, dans les dernières pages de la Gazette, apprit à Lucius que Tisiphone avait finalement été relaxée faute de preuves suffisantes.

Un dernier minuscule article daté d'octobre 1974 mentionnait l'étrange disparition de la sorcière.

Puis plus rien.

Lucius rangea les numéros qui ne l'intéressaient pas. Les autres étaient étalés sous ses yeux. Le sorcier se balançait sur sa chaise, songeur. Il ne savait pas trop quoi penser de tout cela. Maintenant, il se souvenait mieux de Tisiphone à Poudlard : une Serpentard discrète, qui ne parlait presque pas et qui restait souvent dans son coin, sauf quand Daëron était là. Elle était toujours dans le dos de son petit ami, c'est ce qui lui avait valu son surnom d'Ombre d'Argos.

Lucius avait du mal à l'imaginer en meurtrière – une sorcière si effacée … mais plus encore dans le rôle qu'elle allait désormais jouer maintenant. Une Auror accusée de meurtre et d'avoir pratiqué un sortilège Impardonnable… ancienne Serpentard, de surcroît … Il y avait quelque chose d'étrange là dedans.

Les yeux gris de Lucius se mirent à briller d'une étrange lueur : pourquoi ne pas voir de quoi il en retournait exactement. Après tout, il était aussi là pour ça.

Il rangea les vieux journaux et quitta la bibliothèque. D'un geste ample de la main, il remercia la sorcière toujours derrière son bureau et qui l'avait laissé rentrer.