Londres : vers une vie nouvelle

Chiyu posa les sacs bondés de nourriture, en se rendant compte qu’une fois de plus il avait pris beaucoup trop de choses sucrées. Il secoua la tête d’un air contrarié en faisant un geste de la baguette. Les aliments se mirent à trouver leur chemin tout seul vers les placards, sans que le jeune homme ne s’en occupe d’avantage. Depuis que Nana était sortie de l’hôpital, quelques jours avant, il avait tendance à en faire trop dans tous les domaines et devait se retenir pour ne pas l’empêcher de sortir. En même temps, elle n’était pas encore en état de courir les rues. Mais il avait eu tellement peur qu’il prenait à la lettre les recommandations du médecin, la surprotégeant dans tous les domaines. Il savait qu'il en faisait trop, mais tant qu'il pouvait la voir sourire, rire ou juste marcher, tant qu'elle pouvait faire tout ce que son corps lui autorisait, il pensait qu'il était dans la bonne voie. Elle s'en sortirait. Même si dans ce but il lui refusait parfois les effusions qu'elle demandait. Ce n'était pas non plus facile pour lui, mais le médecin avait dit qu'il fallait qu'elle se repose, et il s'arrangeait pour qu'elle le fasse.
Le japonais mit un café à couler et se posta devant la fenêtre, allumant sans y faire attention une cigarette. On était passé prés de la catastrophe humaine, et on était entré dans la catastrophe financière.

Chiyu ne s’était jamais fait d’illusion sur sa carrière au sein du ministère. Il avait des relations plus que conflictuelles avec son chef de service, et accumulait les absences. La dernière n’avait bénéficié d’aucune excuse officielle, et la sanction avait fini par tomber. Le jeune homme aurait bien démissionné en envoyant tout valser, mais il savait qu'il devait faire attention.
Certes ils n’avaient pas de problèmes de logement, l’appartement appartenant à Nana, mais il n’empêche que jusqu'à maintenant ca leur permettait de vivre sur son seul salaire, et de garder les économies de la jeune femme de coté au cas ou. IL ne pouvait pas se permettre de se retrouver sans travail et Nana n’étant pas en mesure pour l’instant de reprendre le sien. Chiyu savait que sans son salaire, ils allaient bien devoir finir par puiser dans le pécule de la jeune femme, ce qu’il refusait. C'est à ce moment la que Chiyu avait commencé à réfléchir a son implication au sien de l'Ordre du Phénix et la façon d'aborder avec sa petite amie la question de savoir s'il devait continuer ou non. le jeune homme croyait en ce qu'il faisait et en les buts de l' ordre, il n'était pas question qu'elle revive ça. ELle était encore faible, en pleine convalescence, et il avait eu tellement peur de la perdre qu'il ne souhaitait jamais éprouver une telle inquiétude. Ou qu'elle continue à avoir peur. Nana avait été blessé à cause de leur implication dans l'Ordre, lors d'une bataille rangée avec les mangemort, et le jeune homme s'était promis que ce serait la dernière fois.

Assis sur le rebord de la fenêtre, il regardait sans les voir passer les moldus en contrebas, son café refroidissant dans la tasse et fumant sans y faire attention son tube de nicotine plongé dans ses pensées. Les choses avaient été si vite, l'histoire, la vie ensemble, la bataille, la peur de la perdre, l'euphorie de la retrouver ....
Décidemment, la vie allait par vague. Ils avaient commencé par une idylle quasi idéale, ou tout il était beau, et arrivaient maintenant dans une période de choix. Finalement, cela ne l’inquiétait pas plus que ça. Après l’épreuve qu’ils venaient de passer, ils auraient tout aussi bien pu acheter un carton pour habiter sous un pont de la tamise qu’il aurait trouvé ça beau de pouvoir le faire avec sa tendre amie. Ca ne durerait peut être pas, mais il était tellement soulagé de la savoir sortie d’affaire que rien ne pouvait entamer son optimisme. Ou presque. Kyo sauta souplement sur le rebord de la fenêtre en face de lui et se mit à regarder lui aussi en bas. Posant sa tasse, Chiyu se mit à caresser le familier d’un geste machinal sans sortir de ses pensées qui revenait invariablement à la même chose. IL avait décidé. Nana serait celle qui deciderait. Quoi qu'elle dise, il serait d'accord : elle était et resterait sa priorité. L'Angleterre pouvait devenir ce qu'elle voulait, rien ne vaudrait jamais que la jolie japonaise perde son sourire.

-Les médecins ont dit que j'avais besoin de repos... Mais je ne pense pas être totalement incapable de faire quoi que ce soit... Entre nous...rien n'a changé si?

Chiyu se retourna en entendant le bruit de la béquille s’approcher et répondit au sourire que lui envoyait sa douce amie. Peut importait qu’elle n’ai pas été chez le coiffeur depuis un moment, après le tout tant que les cheveux poussaient c’était bon signe. En fait il avait décidé de prendre pour bon signe tout ce qui montrait qu’elle était bel et bien vivante, que ce soit son sourire ou ses mouvements d’humeur, dont il savait avoir une part de responsabilité. Il en faisait trop. Suivant à la lettre les recommandations du médecin, il avait parfois l’impression de la séquestrer. La jeune femme avait posé sa béquille, encore une demande du japonais alors qu’elle remarchait, et s’approchait en lui adressant un sourire.
Il répondit de la même façon, songeant qu’il avait eu une peur terrible de ne jamais revoir ce sourire, et lui tendit la main en descendant de son perchoir. SI elle ne voulait pas de béquille métallique, ce n’était pas grave. Il serait sa béquille humaine.
IL n’y a qu’une chose qu’il n’avait jamais refusée, parce qu’il ne voyait pas pourquoi et que ça aurait été trop dur pour elle comme pour lui, c’était de la prendre dans ses bras ou de répondre à ses baisers. Mais ça n’allait jamais plus loin. Quand il sentait que Nana en réclamait plus, c’était lui qui s’éloignait, et ce n’était jamais facile.
Elle avait donc déposé sur les lèvres de son petit ami un sage baiser auquel il avait répondu de façon tout aussi sage, en ayant l’impression d’embrasser une fragile poupée. Le teint de sa compagne n’avait jamais été particulièrement bronzé, mais son aventure l’avait rendue encore plus pale, et il préférait attendre qu’elle retrouve ses couleurs, preuve selon lui qu’elle aurait récupéré ses forces. Finalement, après s’être installée dans les bras du japonais qui l’avait aidé à monter sur le rebord de la fenêtre, elle lui avait piqué sa cigarette avant de la jeter, juste revanche sur les Pink qu’il avait martyrisées, avant de la laisser se consumer et de prendre la parole.
Chiyu regarda de nouveau dans la rue, serrant contre lui la japonaise comme s’il voulait lui passer un peu de sa propre énergie pour l’aider à surmonter sa convalescence.

- Si. On sait à présent que tu m’es encore plus indispensable que mes cigarettes. Que tu vas d'ailleurs arreter de fumer, ce n'est pas bon pour toi.

Il lui remit de façon machinale une mèche de cheveux en place avant de ramener son bras en position initiale pour la tenir contre lui. La façon dont il enlaçait la jeune femme lui permettait de sentir le rythme de sa respiration. C’était tout ce qu’il arrivait à dire. Tout ce qu’il avait dit pendant qu’elle dormait, il se retrouvait incapable de le lui répéter et ça le frustrait parce qu’il savait que c’était l’entière expression de ses sentiments.
IL soupira et s’appuya contre le mur dans son dos. La encore il ne l’avait pas lâchée, tentant de manière inconsciente de réparer l’erreur qui l’avait envoyée à l’hôpital. S’il ne la lâchait pas, il ne s’éloignait pas. Et s’il ne s’éloignait pas, il ne pouvait rien arriver n’est ce pas ? C’était son rôle de protéger sa douce petite Nana non ?
Et pour ça il la plongeait dans la dépression. Bel échec de nouveau.

- Je ne sais pas quoi faire Nana. J’ai l’impression de te retenir de force mais tu as l’air encore si fragile … S’il t’arrivait quoi que ce soit parce que je n’ai pas fait attention …

De nouveau il passa une main dans les cheveux noirs

- Mais je ne peux pas non plus forcer à rester dépérir ici. Je ne sais vraiment pas quoi faire.

IL ne voulait pas prendre le moindre risque. Pas encore une fois. En même temps, la garder quasiment enfermée n’était ce pas prendre un risque ? Le japonais était confronté à une situation nouvelle, et il avait l’impression qu’il perdait pied. Il faisait pour le mieux. Mais le mieux était il bien ? Se rendant compte que ce n’était pas ce qu’elle avait envie ni besoin d’entendre, il décocha à sa jeune amie un sourire qui avait tout du sourire joyeux.

- Alors dis-moi ce que toi tu veux faire. Tant que ce n’est pas le tour de l’Europe à pieds et que c’est raisonnable, c’est d’accord.

-Ne m'en demande pas trop à la fois. Je ne suis pas en état d'arrêter pour le moment, et tant que tu te mettras en danger, je n'arrêterais pas.

-Tu n'y es pour rien, je suis en vie et toi aussi, le reste on s'en moque. Je suis...peut être bien plus fragile qu'avant, mais...je sais que tu veux le meilleur pour moi... Seulement, j'ai parfois l'impression...de ...enfin tu vas trouver ça idiot...ne plus te plaire.

-Si on faisait comme on a toujours fait? Si... On improvisait?

-Pour l'instant, rien ne me ferais plus plaisir que de passer une journée juste avec toi... Comme avant, au programme, musique, cuisine et plus si..enfin pour le reste on improvisera d'accord?

Nana n’avait pas tardé à saisir doucement la main de son compagnon comme si elle avait eu peur qu’il ne la retire. Chiyu la tenait ainsi contre lui, profitant tout autant qu’elle de ce moment. Cependant, s’il s’en doutait, il ne savait pas combien sa petite amie avait besoin, combien elle les recherchait, et il n’avait aucune idée de la frustration qu’il créait en le lui refusant. Bien sur lui aussi devait prendre sur lui pour être raisonnable. Mais il n’avait jamais été aussi tactile que Nana, trait qu’il n’avait développé que dans la sphère privée et à son contact. IL n’attendait d’ailleurs pas de réponse à ce qu’il avait dit. Il appréciait juste le moment comme il appréciait chaque moment passé en sa compagnie depuis qu’elle avait ouvert les yeux, et comme il n’appréciait rien que le fait de sentir sa présence. Même si, il faut l’avouer, il préférait sentir sa présence de ses bras que dans la cuisine, mais c’était une autre question. Sans la lâcher, le jeune homme se pencha vers sa jeune ami avec un sourire amusé.

- Ah bon? je me mets en danger? Dernièrement, le seul danger couru a été de faire les courses chez l’épicier en période de promotion sur le choux. Rappelle-moi de ne jamais retenter ça.

Le jeune homme avait terminé sa plaisanterie d’un geste machinal mais non dénué de tendresse en remettant en place la fameuse mèche de cheveux noirs. Chez lui, c’était devenu un geste automatique qu’il ne contrôlait pas vraiment dès que Nana était dans ses bras. Un peu le pendant du reflexe de la jeune femme quand elle lui prenait la main. Le bassiste sentit la jeune femme se détendre sous le geste, comme si elle aussi y trouvait une source de réconfort. Il s’était alors appuyé sur le mur, sans lâcher sa dulcinée, en la serrant contre lui. Comme dit plus haut, il avait l’impression de pouvoir ainsi mieux la protéger, de pouvoir la garder à ses cotés.
Le jeune homme avait resserré doucement son étreinte sur la taille de sa jeune amie, et avait reporté son attention sur l’extérieur. Le spectacle des moldu et l’animation de la rue lui permettait de relâcher quelque peu son esprit et de tenter d’en évacuer les idées noires ou coupables. Chiyu commençait à peine a mesurer l’étendue de l’erreur qu’il avait faite en les cloitrant tout les deux ici, ne sortant que pour permettre au chien de se dégourdir les jambes ou faire des courses. Non seulement il risquait la santé morale de Nana, mais il mettait également la sienne dans la balance. Il le comprenait à chaque fois qu’il la tenait ainsi dans ses bras, qu’il la sentait se détendre sous des gestes simples, et l’oubliait des que la frêle silhouette de sa petite amie s’éloignait. Les doutes revenaient alors à toute allure et les excès de zèle avec eux.
Ce qu’elle lui disait quand elle tentait de le raisonner, sa raison le savait. Personne n’y était pour rien. Personne n’aurait pu prévoir l’arrivée du mangemort et son geste a l’égard de la jolie japonaise. Mais il ne pouvait cependant s’empêcher de penser que si personne n’aurait pu prévoir, il aurait du y faire attention. Au lieu de ça il avait été loin a ce moment la. Cependant, c’est la dernière phrase de la jeune femme qui le ramena à la réalité.

- Hein ?

Il lui lança un regard surpris, ne comprenant pas vraiment ce dont elle parlait. Ne plus lui plaire ? à lui ? il se sentait capable de soulever des montagnes pour elle. Alors pourquoi ? Le japonais inclina la tête d’un air interrogatif, cherchant d’où pouvait lui venir une telle idée quand l’évidence lui sauta aux yeux. Depuis la sortie de la jeune femme, il avait décidé d’être raisonnable pour deux et s’était interdit, de même qu’a elle du coup, le moindre geste supérieur à un baiser. Nana avait bien essayé de le convaincre, mais il s’était systématiquement éloigné pour éviter lui-même de craquer. Un sourire mi amusé mi désolé se dessina sur les lèvres du jeune homme qui serra sa jeune compagne contre lui. Nana avait toujours douté de ses capacités à lui plaire. Quand elle avait craqué et lui avait avoué les sentiments qu'elle nourrissait à son égard, c'était la premiere chose qu'elle avait mise en avant : le fait que d'autres était plus jolies ou plus intelligentes. Chiyu pour sa part avait toujours tenté de la rassurer. Il aimait chez sa petite amie son visage en forme de coeur encadré de cheveux noirs, ses yeux profonds, son humour, son caractère, son style, bref, tout ce qui faisait qu'elle était elle.

- Totalement idiot, tu as raison. Et d’ailleurs, si ça avait été ça, ça aurait beaucoup plus simple Puce. Je n’aurai pas à imaginer l’éventualité d’aller dormir sur le canapé certains soirs. Tu es la plus jolie et la plus irrésistible des éclopées, mets toi bien ça dans le crâne.

Déclaration inhabituelle par le ton direct qu’elle prenait, mais Chiyu tenait à ne pas laisser s’installer ce genre d’idées dans la l’esprit de la jeune femme. Il passa de nouveau une main douce sur la joue de Nana avant de finir dans ses cheveux dans un geste tendre, comme dit plus haut

- Et je ne veux plus risquer de te perdre. Mais ça ne change rien à ... - il hésita un centième de seconde. Effectivement, cela ne changeait rien à ses sentiments. L'amour qu'il portait à la jeune femme n'avait fait que se renforcer dans cette épreuve, mais la encore il ne pouvait pas le dire. Du moins n'y arrivait-il pas. - à tout le reste. Tu restes ma Princesse de la Lune. Celle que je suivrai en son royaume, ou qu’il se trouve.

Le jeune homme avait senti sa douce amie frémir sous le mouvement qu’il avait eu en passant la main dans les longs cheveux noirs tout en lui parlant. UN sourire, cette fois franchement amusé naquit à sa proposition mais il n’eut pas le temps de répondre. Nana s’était levée pour déposer sur ses lèvres un baiser auquel de nouveau il répondit.

- Depuis le début de cette histoire, c’est ce que je fais, j’improvise. Et le résultat n’est pas franchement délirant. Je crois que mes choix sur ce coup ont toujours été les mauvais.

Chiyu ponctua sa déclaration d’un petit sourire qui se voulait amusé mais ne paraissait que désabusé. Cependant, il était certain d’une chose. « Avant » reviendrait. Des qu’elle serait rétablie totalement et qu’il ne s’inquiéterait plus de ses joues trop pales, les choses seraient de nouveau « comme avant ».

- Je te promets que les choses seront vite comme avant. Et des que tu pourras, on prendra le chien, le chat et la chouette et on partira en vacances tous les deux. En attendant … c’est toi qui choisi Puce. Si tu veux rester, on reste. Si tu veux sortir, on sortira.

De nouveau le jeune homme se cala contre le mur qu'il avait quitté pour répondre quand elle avait exprimé ses doutes. Pour lui, il pouvait rester comme ça, a sa fenêtre, sa petite amie dans les bras. Et pour fois, il se moquait totalement que la fenêtre donne sur l'extérieur et qu'on puisse les voir (même si l'étage rendait cette éventualité moins probable). Il était bien comme ça. Et surtout, ça le rassérénait. Ceci dit, il était tout aussi prêt a prendre sa guitare, sa casserole ou son stylo ...

-Tu te mettais... Et je sais que tu ne resteras pas bien sage éternellement, tu n'es pas fait pour la vie d'intérieur, encore moins que moi.

-Oui, tu as bien..entendu.

-Des éclopées, peut être mais il y a de nombreuses filles sur Terre. Je pense que je suis la seule qui vient de la Lune, peut être ça qui t'attire. Puis, si ...tu m'autorisais plus de...enfin voilà, et bien je n'en serais pas arrivée là... Tu me manques...

-J'espère... Je ne veux pas te rendre malheureux, et si un jour cela devait être le cas, promet moi de me le dire toute suite, que je sache quoi faire pour y remédier, les remèdes de la lune on parfois du bon. Mon royaume? Ici me semble être le meilleur des endroits, après tout, c'est ici que tant de choses sont arrivées...

-Je suis pas d'accord! Si tout allait bien, la vie serait ennuyeuse et ma vie n'a jamais été aussi fascinante que depuis que tu es là.

-Les choses pourraient déjà être comme avant, je vais bien. Je respire, Je t'aime..... je souris, je ris je vis et j'aime tellement vivre... surtout avec toi... Alors on va passer une merveilleuse journée et c'est moi qui décide aujourd'hui...Et pas de refus d'accord?

Elle avait raison et il le savait. Chiyu n’était pas quelqu’un qui pouvait rester sagement à la maison, et cela avait été prouvé à multiples reprise. Il avait besoin de bouger pour se sentir vivre, c’était en partie pour ça qu’il n'avait pas démissionné de son emploi et qu’il avait trouvé sa place au sein de l’Ordre. Le japonais adorait sa compagne, mais il avait parfois besoin de bouger. Si il était en général d’un caractère plutôt calme, ses activités en tant que musicien comme en tant que membre de l’Ordre lui avaient toujours permis d’extérioriser son coté plus « sauvage ». Mais il ne s’en était rendu compte que quand il avait tout arrêté, c'est-à-dire quand il était resté aux cotés de la jeune femme, attendant qu’elle se réveille. L’adrénaline que lui procurait ces moments lui manquait, et il se sentait parfois sur le point d’exploser, mais il suffisait en général qu’il pose le regard sur la jolie japonaise pour comprendre qu’il pouvait faire sans, et qu’il y arriverait bien. Après tout il y avait d’autres moyens de se libérer que de s’agiter sur une scène ou faire la chasse au mangemort. De plus, c’était cette propension à l’action qui les avait menés au bord du drame, et il ne se sentait surement pas assez fort pour revivre ça, sentiment qui était sans doute partagé avec la jeune femme qui profitait tout autant que lui du moment. Et puis on s’en moquait ce pour quoi il était fait ou pas. La , tout de suite, c’était le cadet de ses soucis.

- Tu veux rire ? je fais la cuisine et le ménage comme personne ! un vrai petit homme d’intérieur !

Il avait souligné sa remarque d’un sourire amusé. Leurs conceptions du ménage étaient tellement opposées qu’il était étonnant qu’ils arrivent à les faire cohabiter dans quelque chose de presque harmonieux. Chiyu était presque aussi maniaque, question interieur, que Nana était désinvolte. La ou il rangeait systématiquement sa veste dans le placard, elle jetait la sienne sur le canapé. Quand ses partitions formaient des piles au carré, celles de la jeune fille se mélangeait joyeusement sur la table. C’était sans doute aussi pour ça qu’elle avait tant de pouvoir sur lui, et qu’elle avait si « facilement » réussi à le séduire. Elle n’avait pas tenté de le changer ou de l’imiter, chacun avait juste accepté l’autre. Et au bout du compte, il se rendait compte que si il pouvait rester sage pour deux, c’était parce qu’elle apportait la petite étincelle de fantaisie qu’il n’avait pas en dehors de sa musique. En fait, elle représentait sa soupape de sécurité en le forçant de temps à autre à renoncer à la personnalité réelle ou crée dans laquelle il avait parfois l’impression de se débattre. Chiyu n’était pas quelqu’un qui avait de gros problèmes psychologiques, mais comme tout le monde il y avait des moment ou il se sentait moins bien et ou il avait une folle de hurler, choses qu’il s’empressait d’enfouir pour ne plus y penser. La charmante fantaisie de sa compagne lui permettait étrangement non plus d’enfouir, mais de faire disparaitre ces sensations. Cela illustrait parfaitement l’expression « douce moitié » . Il avait l’impression qu’elle était la moitié de sa personnalité à laquelle il n’avait jamais eu accès. Comment ça j’aurai pu résumer ça en « il était ‘achement amoureux de sa petite japonaise » ?

Cependant, il fit une petite grimace coupable en entendant sa compagne. Encore une fois elle avait raison, mais dés que l’on parlait sentiment, c’était souvent le cas pour la bonne raison qu’elle les assumait totalement. Lui non. Sans quoi il n’aurait pas toutes les peines du monde à les lui exprimer.

- Fais-moi la grâce de penser que je ne suis pas assez frivole pour m’enticher d’une pièce de collection Fille de la Lune. – cette fois le sourire se fit gentil – Et puis je sais surtout que si je t’autorisai à plus de liberté, tu en profiterais honteusement et qu’il n’est pas certain que je pourrai y résister.

Le jeune homme aurait tout aussi bien pu répondre sans mentir que le seul fait de pouvoir encore la tenir dans ses bras était une composante essentiel de son bonheur, mais cela entrait dans la catégorie de ce qu’il pensait sans le dire. Il se contentant donc une fois de plus de la serrer contre lui. La réponse serait au moins accessible, même s’il elle n’était pas exprimée par des mots.

- Tu n’as rien à faire qu’à rester toi-même.

La jeune femme eut un nouveau frémissement, sans que Chiyu puisse vraiment en établir la cause. Il avait décidément accumulé les bourdes, et il semblait que le moment d’en prendre les conséquences en pleine figure approchait.

- Oui m’enfin dans le genre « faisons bouger notre vie », on a peut être été un peu loin la non ? ce serait pas mal que ta fascination se tourne vers l’étude des papillons plutôt que vers mes activités extra professionnelles.

Il leva un main en signe de reddition anticipée

- que j’ai arrêtées !

Pour toute réponse , la jeune femme se leva, lui prenant la main pour entrainer son compagnon vers le canapé ou elle le fit assoir, quitte à le pousser carrément dans les coussins. A dire vrai le jeune homme ne comprenait pas trop ou elle voulait en venir, quand sa compagne s’installa confortablement sur le canapé, allongée de tout son long, la tête reposant sur les genoux du japonais. Ce ne devait pourtant pas être des plus confortable comme oreiller.
Cette fois le jeune homme eut un sourire en coin plus proche de ce qu’ils étaient avant la bataille de Poudlard. Ca c’était du Nana tout craché. Et une fois de plus, ca devenait une habitude, elle avait raison. Elle était vivante, lui aussi, et rien ne se profilait pour changer quoi que ce soit à la vie qu’ils mettaient en place. Encore une fois elle avait réussi à faire disparaitre les pensée négatives d’un sourire enfantin et de quelques mots, accompagnés d’une charmante teinte coquelicot. Mais il n’allait pas s’avouer vaincu.

- On a dit « raisonnable » hein ?

Nana comme Chiyu n'étaient pas des gens qui aimaient passés leur journées à flemmarder dans le canapé. De temps en temps, oui, pour se retrouver et profiter de l'autre, mais tout les jours c'était beaucoup trop. Cela les avaient même quasi plongée dans un état de déprime qui ne leur allait pas. Le goût pour l'action avait faillit mettre fin à la vie de la jolie nippone, mais elle n'arrivait pas à s'imaginer rester enfermée dans cette maison pour le reste de sa vie, c'était trop dur, surtout qu'il faudrait bien, un jour ou l'autre, que Chiyu retrouve du travail naïve,elle pensait qu'il avait demissioné ou qu'il avait été viré....elle aurait préférée....Et passait ses journées seule chez eux, non merci, elle n'était pas prêtes pour cela. Certes elle avait souvent, même trop souvent peur pour lui lorsqu'il passait la porte de l'appartement et lui disait qu'il revenait dès qu'on avait plus besoin de lui, mais de là à le forcer à rester enfermé dans la maison ,elle était incapable de faire cela. Et pour cause, elle était trop folle de lui pour lui imposée quoi que ce soit. Sauf des baisers et des câlins à un rythme fréquent, mais le reste, elle en était incapable, elle était bien trop amoureuse pour cela. Et elle aussi était quasi incapable de lui dire non. En soit, ils étaient deux oursons en guimauve incapable de dire non à l'autre tellement il s'aimait. Même si cela avait faillit lui coûter la vie. Jamais elle ne lui en voudrait. C'était elle qui avait insisté pour faire partie de l'ordre, lui avait si souvent essayé de l'en empêcher.

-Oui, j'avoue, l'appartement n'a jamais été aussi ordonnée que depuis que tu y habite. Visiblement nous sommes destinés à être complémentaire.

L'appartement de Nana avait toujours été ce qu'on pourrait appelé un joyeux bordel organisé. Elle seule savait où tout se trouvait tellement les choses étaient étalées, pas toujours aux bons endroits. Le salon, lors de la première visite de Chiyu était remplit de nombreuses partitions et guitare trainant de ci et là sur le sol. Quand elle rentrait chez elle, Nana balançait son manteau là où elle était, Chiyu passait derrière elle et l'accrochait au porte manteau pour qu'elle le retrouve lorsqu'elle en aurait besoin. Et dans leur tête c'était un peu pareil, Nana avait bien souvent des tas d'idées tout comme Chiyu, seulement, elle ne parvenait que très rarement à les ordonner, lui y parvenait à la perfection, il ajoutait aux idées de Nana un côté plus structuré et elle ajoutait dans celle de son amoureux, un côté plus fantaisiste et moins organisés. Être amoureux consistait aussi à cela, structurer et aider l'autre, le compléter en quelque sorte. Savoir lui offrir de la fantaisie quand il en avait besoin et savoir la raisonné dans d'autre cas. En d'autre terme, Nana et Chiyu formaient un couple on ne peut plus parfait et complémentaire, pas toujours d'accord, mais jamais réellement en désaccord, parvenant à trouver quand il était nécessaire les compromis nécessaire. Et c'était grâce à cela que leur couple durait et qu'il n'avait pas vraiment souffert du temps qui passait. Au début, elle était élève, lui membre de l'ordre, maintenant ils étaient deux adultes, fous l'un de l'autre.

Elle ne put s'empêcher d'adresser un sourire tendre et rassurant à son amoureux. Elle ne lui en voudrait jamais de ne pas savoir lui dire ce qu'il ressentait, peu de gens lui avaient dit quand il était enfant, il était normal qu'il ait un certain mal à le faire lui aussi, et Nana le comprenait parfaitement.

-Je ne suis pas un pièce de collection. Juste une édition limitée à un exemplaire car trop imparfaite. -elle sourit-Peut être que j'en profiterais, mais ne dis pas que tu n'en as pas envie... J'en ai marre de ne plus pouvoir te toucher comme je le voudrais. Tu dois trouver cela égoiste... Et tu aurais raison...

Nana fermat les yeux en le sentant l'attirer contre lui, elle se sentait si bien dans les bras de son amoureux, comme perdu en lui... Et elle n'avait aucune envie de trouver la sortie du labyrinthe que formait l'âme de son cher et tendre. Elle tenait bien trop à lui pour cela et c'était tant mieux après tout. Jamais elle n'avait été aussi heureuse et épanoui que depuis le 14 février, jour où il lui avait dit oui.

-Je pense savoir faire ça...

Nana avait été rendue plus sensible que jamais des suites de son comas, tout ces gestes lui avaient tellement manquer qu'aujourd'hui elle prenait vraiment conscience de tout ce qu'ils pouvaient éveiller chez elle.

-Cela aurait été le cas si tes activités n'avaient pas été aussi inquiétantes mais n'en parlons plus, c'est du passé. Ni toi ni moi ne referons partis d l'ordre et tant mieux, je serais moins inquiète. Si j'ai fais partie de l'ordre, c'est surtout pour toi... Pour voir, pour essayer de te protéger, même si j'en serais incapable.

C'est ce qu'elle croyait. Naïve.... Voilà ce qu'elle était.Elle l'avait ensuite entrainées vers le canapé pour profiter d'un instant de pur bonheur et de tendresse, ce genre d'instants qui lui manquaient tellement en ce moment. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en coin à ce qu'il lui dit, raisonnable? Elle ne pensait pas connaître ce mot, il ne devait pas faire parti de son vocabulaire, elle l'avait trop souvent été pour encore l'être devant une si belle occasion d'être déraisonnable.
La jolie teinte rosée des joues de Nana semblait toujours plaire autant au jeune homme, elle l'attrapa par le col et approcha son visage du sien avec un tendre sourire et en plongeant les deux étoiles noires de son regard dans le regard du musicien. Le même regard que quand ils avaient 5 ans, mais en plus amoureux et moins assassins. Finalement,rien n'avait changé entre eux apart la nature de leur sentiment.

-Hum... Raisonnable? Ça veut dire quoi?

Elle prit doucement possession de ses lèvres avant de donner plus d'intensité à leur baiser... Les baisers aussi avaient évolués depuis leur première rencontre.
queen

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